Ces sociétés françaises qui séduisent les américains

GraphExpo-2012

Sur un salon dominé par des poids lourds affichant plusieurs dizaines milliards d’euros de chiffre d’affaires, une poignée de sociétés françaises s’est taillée une place de choix.

 

Nous sommes le petit village gaulois qui résiste, résume en souriant Victor Abergel, directeur général de MGI Digital Graphics. Fabricant français d’imprimantes de production, MGI Digital Graphics vient, pour la cinquième année consécutive, d’être nominé pour le précieux label « Must See’ ems », qui distingue chaque année une vingtaine de produits présentés sur le salon. Le constructeur français est en compétition cette année avec rien moins que Xerox. MGI présente sa nouveauté de l’année, une imprimante à jet d’encre à vernis sélectif 3D. « C’est le résultat de dix ans d’investissement pour être reconnu sur le marché américain », se réjouit Victor Abergel avant de rappeler que sa société compte parmi les premières à s’être lancée, dans les années 90, dans la conception de presses numériques à jet d’encre. Quinze ans plus tard, le constructeur français réalise plus de 70% de ses 18 millions d’euros de chiffre d’affaire à l’international, et il revendique la place de numéro 3, en parts du marché américain et une position de leader sur le marché des imprimantes jet d’encre à vernis sélectif.

 

L’innovation pertinente

« Ce qui fait la différence, ce n’est pas la nationalité, c’est la pertinence de l’innovation », analyse Ismaël Abbas, directeur des ventes pour l’Amérique du Nord chez Axode. En aparté, il nous confie que le fait d’être français sur le marché américain tourne quelque fois au handicap : à l’étranger, l’hexagone est encore plus connu pour son art de vivre que pour ses technologies de pointe. Reste que sur un marché qui concentre à lui seul 40% de tout ce qui s’imprime dans le monde, la petite PME du sud de la France est en train, elle aussi, de se tailler une place de choix. Créée il y a vingt ans, Axode s’est spécialisée dans le contrôle de cohérence et de qualité des documents imprimés. Installées sur la ligne de production, les caméras  détectent les défauts en temps réel. Tâches, erreur d’impression d’un caractère, d’une image, et même contrôle de la cohérence entre le recto et le verso d’un document à données variables, tout doit être vérifié sans ralentir la production. « L’intégration des données variables imprimées en jet d’encre sur les lignes offset rend indispensable un contrôle avancé et nous sommes aujourd’hui les seuls à être allés aussi loin », affirme Ismaël Abbas. A quelques allées de là, sur le stand de Kodak, c’est la technologie d’Axode qui assure le contrôle en temps réel d’une ligne d’impression jet d’encre lancée à 600 mètres par seconde.

 

Bien comprendre le marché

Les sociétés françaises qui réussissent sur le marché américain ont toutes en commun de baser leur innovation sur une compréhension fine de leurs marchés, commente Jean-Philippe Khristy, directeur du développement commercial de Sefas. Filiale du groupe Docapost, l’éditeur français de solutions d’éditique compte parmi les plus anciens participants à Graph Expo. Sa filiale américaine, Sefas Inc., a soufflé ses vingt bougies l’année dernière en doublant ses effectifs pour faire face à la demande. En Europe, Sefas est le leader incontesté des solutions intégrées de composition de documents. Aux Etats-Unis, la marque s’est fait une place enviable sur le marché très fermé des solutions de gestion des usines à courrier, face à des poids lourds, comme HP.  Sur son stand, l’éditeur présente la nouvelle solution de massification du courrier au fil de l’eau, Open Print Hybrid Mail. Lancé en Europe à la rentrée, le logiciel se veut une réponse à la problématique de traitement industrialisé des courriers émis au coup par coup par les utilisateurs métiers, afin d’optimiser aussi bien les coûts de mise sous plis et d’affranchissement. Autour de l’écran de démonstration, les grands clients habituels de Sefas Etats-Unis côtoient les représentants de sociétés moins importantes. Sans tambours ni trompettes, le stand recueille en une heure presque autant de visiteurs que celui, voisin, d’un grand constructeur. Nos clients viennent nous voir parce qu’ils n’ont pas trouvé ailleurs la réponse à leur problème, poursuit Jean-Philippe Khristy. Pour lui comme pour tous les participants français à cette édition 2012 de Graph Expo, l’euphorie du moment ne doit cependant pas faire baisser la vigilance. « En 2010 et 2011, il nous semblait que les grands constructeurs n’avaient pas encore saisi la transformation du marché qui est en cours. Cette année, ils se montrent clairement plus offensifs », analyse encore Jean-Philippe Khristy.

Paul PHILIPON

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