Le syndrôme de la start-up (dans une économie décadente) | Didier Delhaye, consultant en marketing stratégique – TiKibuzz

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« La tendance s’accélère toujours et encore … » 

Les chiffres sont diffus et chacun leur donne un éclairage selon sa sensibilité ou sa perception. Aussi reprenons ce qu’en dit Insee :

« En juin 2016, le nombre total de créations d’entreprises diminue de 1,3 % après deux mois de hausse, tous types d’entreprises confondus, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. Le repli des immatriculations de micro-entrepreneurs (-3,9 %) n’est pas compensé par la hausse des créations d’entreprises classiques (+0,6 %). »

* Données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables

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Source : Insee, Sirene 

Sachez aussi que selon l’Insee :

  • 3 400 000 entreprises en France, 95% d’entre elles comptent moins de 10 salariés (65% au total ne comptent aucun salarié). 5% d’entre elles comptent entre 10 et 500 salariés (PME / ETI) et moins de 1% des entreprises sont de grandes entreprises et dépassent les 500 salariés.
  • Pourcentage des startups qui ont levé des fonds : 25% des startups ont à leur capital des fonds de capital-risque.
  • Pourcentage des startups en perte : 74% : c’est la part des startups affichent un excédent brut d’exploitation en perte. 

Quelle est la pérennité de ces nouvelles entreprises ? 

50% des entreprises créées disparaissent avant d’atteindre leur sixième année d’existence (alors que le taux est de 25% à 2 ans). Cette forte mortalité intervient en général dans les « années charnières » de l’entreprise, entre 2 et 5 ans où la probabilité de défaillance annuelle augmente de 50% par rapport aux premières années et représente le double du taux des années ultérieures.

Le taux de pérennité moyen des entreprises à 3 ans est donc de 66,3 %  et  à  5 ans de 51% 

Selon Capital.fr, la France est une terre propice pour lancer sa start-up. Mais il serait difficile de trouver des fonds pour la développer et la faire croître. « Les premiers tours de table dits d’amorçage se bouclent bien, mais les levées de capital suivantes qui requièrent des tickets beaucoup plus importants, de plusieurs dizaines de millions d’euros, sont difficiles dans un marché français qui demeure fragmenté et dominé par des fonds de petite taille. » 

Profil des entrepreneurs 

94%: c’est la proportion des dirigeants de start-up qui ont au moins un niveau d’études Bac+5. Le mythe de l’entrepreneur autodidacte n’a plus sa place dans la création d’entreprise dans le secteur du numérique. Âgés en moyenne de 40 ans, 51% des dirigeants se définissent comme des serial-entrepreneurs. Ils sont 92% à cumuler le statut de fondateur et de gérant de l’entreprise qu’ils dirigent actuellement.

Les entrepreneurs restent en effet majoritairement des hommes (70 % contre 30 % de femmes), selon les chiffres de l’Insee. « L’âge moyen des créateurs d’entreprise est de 38 ans et demi. Il est quasiment le même pour les hommes et pour les femmes. »

Les 30-39 ans sont sur-représentés parmi les créateurs d’entreprise, au contraire des 50 ans et plus. Ces derniers représentent 24 % de la population active mais seulement 16 % des créateurs d’entreprise. Les moins de 30 ans représente 26% des créations.

Leurs motivations  

La vision, le rêve, l’argent …

« Une carrière dans un grand groupe ne les fait plus rêver, ils veulent tous lancer leur boîte », constate Marc Fournier, professeur à l’ESCP. « Ces grosses têtes hésitent d’autant moins qu’entre les icônes de l’ancienne et de la nouvelle économie font davantage rêver que beaucoup de patrons du CAC 40. Pas seulement parce que ces rois du Net ont fait fortune à 40 ans. » 

Afin d’identifier si les entrepreneurs étaient « motivés » ou « contraints », une étude universitaire est partie de l’hypothèse que les motivations principales des entrepreneurs étaient le besoin  d’indépendance, d’accomplissement personnel et le désir de richesse. Les résultats de leur enquête montrent que le facteur de motivation le plus souvent cité est le besoin d’autonomie (22,10 %). Viennent ensuite le goût d’entreprendre avec un taux de 12,36 % et le besoin d’accomplissement personnel, de reconnaissance et de réalisation de soi avec 11,99 %. Le désir de richesse n’est cité que par 5,24 %. 

D’autres aspects entrent ligne de compte. Nous sommes passés de l’entreprise communicante, à l’entreprise apprenante ensuite à l’entreprise libérée. Nul doute que d’autres buzzword viendront enrichir ces thèmes qui ne mettent en évidence qu’une déficience du management dans la collaboration, l’humain et la vision.

 

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Ngram Viewer

L’employé éprouve un besoin de sens, de vision et de reconnaissance pour s’impliquer dans l’entreprise qui le contrôle, pratique la rétention d’information quand elle ne la manipule pas ! La génération nouvelle souhaite trouver un équilibre entre vie professionnelle et privée. Le partage social fait partie de son vécu même si parfois il n’est que virtuel. Son besoin d’espace de vie, d’indépendance ne lui permet plus de végéter mais elle veut s’épanouir.

Des études récentes mettent en évidence que seuls 13% des employés seraient impliqués dans leur travail ! Comment éprouver du plaisir et de la satisfaction dans une vie dont une bonne part sera consommée  à plus de 30% par dormir et  entre 45 à 50% à s’ennuyer ou être frustré ? Le virtuel et le rêve ont encore un bel avenir économique ! « Mon cher Watson », c’est évident à comprendre ceux qui choisissent une autre route où le risque est un challenge et non un écueil.

Il y a deux ans lors d’un HubForum, une responsable de ressource humaine d’une grande entreprise évoquait la difficulté de retenir ses jeunes cadres brillants. Ils quitteraient son entreprise vers d’autres pays où ils pourraient trouver un sens à leur vie, où l’échec ne seraient qu’un pas vers le succès.

Les marchés et secteurs d’activité 

Lorsque qu’on reprend les « success stories» de ces jeunes entreprises, certains secteurs émergent : le e-commerce, l’internet et les technologies de l’information … D’autres identifient des niches dans la faiblesse des marchés dit de remplacement où nombres de société pratiquent la croissance au forcing sans autre ambition que la répétition de leurs échecs. Ces entreprises seraient adeptes du slogan : « nous ne faisons jamais deux fois la même erreur, mais nous essayons au moins 6 à 7 fois … ».

Les marchés les plus porteurs sont souvent soumis à une compétition plus âpre. L’essentiel se situe dans la connaissance du marché, des partenaires potentiels, des leaders et des enjeux. La start-up ne pourra réussir que par sa différenciation, l’innovation et les services qu’elle mettra à la disposition de ses clients et aussi de son réseau. 

 

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